Nourriture Saine
et équilibrée
& Développement Durable
«Manger Bio,
ce n’est pas du luxe!»
Conférence d’éducation
aux comportements responsables
par le Docteur Lylian Le Goff
Médecin nutritionniste
Thèmes abordés pendant la conférence:
- Constat global de santé publique: état sanitaire déclinant de la population (obésité, surpoids, accroissement du diabète et des cancers, allergies croissantes, problèmes d’infertilité [chez 15% des couples], etc.); jusqu’ici relativement peu de réaction de la part des autorités.
- Causes identifiées de l’accroissement de la morbidité: dégradation de la qualité des aliments, aggravation des pollutions due à l’agro-industrie.
- Remèdes: Modification du contenu de l’assiette pour un meilleur équilibre alimentaire; recours à des filières non polluantes entrant dans un schéma de développement durable. Mieux manger; remplacement au moins partiel des protéines animales par des protéines végétales. Rôle du «consom-acteur». Modification des pratiques de la restauration collective: «Un meilleur équilibre alimentaire permet aussi d’équilibrer son budget.» La nécessaire formation des personnels de cuisine. C’est une démarche altruiste.
Manger pour ... Durer!
"Une nourriture saine et équilibrée,
base d'un Développement réellement durable"
Lylian Le Goff est un médecin nutritionniste impliqué depuis des nombreuses années dans la prévention alimentaire, la préservation de l'environnement et la promotion de l'agriculture BIO. Auteur en 1997 de "Nourrir la vie", il est aussi membre de la commission biotechnologies de France Nature Environnement (fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement).
Les premières causes de mortalité dans les pays occidentaux sont directement liées à l'alimentation. L'augmentation des problèmes liés à la nutrition comme certains cancers, le cholestérol, les maladies cardiovasculaires ou le diabète ont un coût énorme pour notre société. Non seulement il existe un coût hospitalier pour ces traitements mais il y a également, dans ce domaine, des recherches qui engloutissent des sommes astronomiques.
Pour Lylian Le Goff, le principal problème de notre société est le déséquilibre nutritionnel qui vient d'une éducation alimentaire dite «post deuxième guerre mondiale». Ce régime alimentaire est trop carné, ce qui entraîne des surcharges pondérales sur les populations et l'apparition ces dernières décennies de l'obésité chez l'enfant.
Les problèmes de santé liés à l'alimentation se divisent en deux parties:
La première touche l'alimentation proprement dit, c'est-à-dire la qualité des produits ingérés ainsi que la manière de les produire et la deuxième touche la quantité, c'est-à-dire la manière de concevoir nos repas.
Si la société produit des aliments avec moins de produits chimiques, elle agira non seulement sur le milieu (moins d'éléments carcinogènes dans l'eau, l'air et la terre) mais également plus directement sur notre santé, via les aliments consommés. Il faut donc inciter les gens à correctement manger avant même de passer à une alimentation plus saine. Le passage à une alimentation BIO est donc nécessaire mais ne suffit pas. Sans changement des habitudes alimentaires, la problématique nutritionnelle resterait inchangée. Ce passage apporterait donc la solution aux problèmes environnementaux, mais pas complètement aux problèmes liés à la nutrition.
La limitation des apports protéiques carnés et le remplacement par des apports protéiques végétaux pourraient être une première habitude à prendre. L'alimentation plus végétarienne conduit à une diminution des rations, car l'apport de fibres rend la satiété plus rapide.
On sait que, du fait des choix politiques, la nourriture BIO est présentement, de prime à bord, plus chère que la nourriture conventionnelle, mais si l’on englobe le coût total (dépollution de l'environnement, maladies induites par la consommation de produits dangereux) alors l’on se rend compte que les coûts du BIO sont identiques, voire inférieurs à la nourriture dite classique.
Si l’on change notre façon de concevoir les repas, alors manger BIO revient au même prix car même si le prix des produits BIO est plus élevé que les produits conventionnels, d’une part, les quantités d'aliments diminuent, d’autre part, ce qui coûte le plus cher dans la nourriture, c’est la viande. Diminuer la quantité de viande présente aux repas et manger globalement quantitativement moins fait donc que le prix du ticket reste donc inchangé. La diminution de la consommation de viande induit donc des économies, car la viande, quelle qu’elle soit, n'est pas un produit bon marché. Les économies résultant d'un tel régime permettent l'achat d'autres aliments BIO. Pour exemple, le pain BIO, surtout s’il est complet, se garde mieux, il y a donc moins de gaspillage. Avec un même budget et une alimentation différente, l’on peut donc faire un menu entièrement BIO. C’est une question de choix dans la «politique» d’un établissement donné.
En Italie, il y a une obligation pour les cantines scolaires d'introduire un aliment BIO par repas.
Dans un premier temps, la formation du personnel (gestionnaires et cuisiniers) de l'éducation Nationale est primordiale, ensuite celle des consommateurs (parents et élèves) est également nécessaire.
En résumé: Changer les pratiques d’achats des produits est nécessaire mais insuffisant. Il faut aussi mettre en place toute une consultation et une information sur l'alimentation. Cela recoupe le problème de l'éducation à la santé, qui est encore insuffisamment pris en compte dans la société.
Vers un se-nourrir plus sain
D'emblée, le Docteur Lylian Le Goff rappelle que le potentiel de santé de la population se bâtit autour d’une alimentation diversifiée, la plus naturelle et fraîche possible mais aussi équilibrée et adaptée à nos activités de moins en moins physiques.
Il souligne qu’en France, l’obésité touche actuellement 12.5 % des enfants de 5 à 12 ans, que le diabète et les maladies liées aux allergies progressent de 10 % /an. Ce sont les signes que les défenses immunitaires naturelles diminuent, parfois sans réponse face aux nouvelles épidémies et parfois, de façon apparemment aléatoire, face aux maladies plus chroniques que sont les cancers, les scléroses en plaques.
Pour le Docteur Lylian Le Goff, il est de première importance de montrer que non seulement, les repas journaliers des pays occidentaux souffrent en qualité nutritionnelle par manque de vitamines et d’oligo-éléments mais qu’ils sont également alourdis par une overdose constante de constituants chimiques, non reconnus par notre corps qui ne peut les évacuer.
Ce cumul annuel en particules chimiques en majorité fabriquées à partir du pétrole se retrouve, avec l’âge, fortement concentré dans le foie, le cerveau, les graisses du corps, aux risques de bloquer la réponse du système immunitaire, de stopper toute volonté d’adaptation et d’organisation face à une maladie qui touche une population de plus en plus jeune.
Nourriture saine, équilibrée et durable
Une nourriture saine et équilibrée
en étroite relation
Compte-rendu de la Conférence «Une nourriture saine et équilibrée en relation avec un Développement Durable» du Docteur Lylian Le Goff.
Le Docteur Lylian Le Goff, nutritioniste, se présente aussi lui-même comme un militant de longue date, en particulier dans les associations écologiques «Eaux & Rivières de Bretagne» et «Bretagne Vivante» (SEPNB).
Il évoque, pour commencer, le Sommet de Rio en 1992 introduisant la notion anglaise de «sustainable development». La traduction française de «développement durable» (au lieu de «développement soutenable») est, malheureusement, beaucoup plus ambiguë et déjà largement récupérée.
La santé devrait être un fil directeur du développement durable. Il s’agit, pour le même prix, de manger des produits de qualité.
Il y a trois formes de développement:
1) Le développement actuel pouvant être qualifié de «prédateur».
2) Le développement dit durable «classique».
3) Un développement réellement souhaitable, c’est-à-dire lorsque l’économie, au lieu d’être une fin en soi, est placée au service de l’homme dans un environnement préservé.
«Lorsque l’être humain agresse son environnement,
il s’agresse lui-même.»
Le réchauffement climatique va coûter très cher, même en termes uniquement financiers.
La santé est pourtant, en général, un élément consensuel partagé.
Bilan sanitaire de la population
Il est en aggravation constante.
En France, quand on parle de santé, il faut, en fait, comprendre maladie.
Les maladies cardio-vasculaires demeurent la première cause de surmortalité.
Les cancers sont en constante aggravation.
80 % des maladies sont en relation avec l’alimentation.
Obésité/surpoids
- 1/3 des adultes sont en surpoids; 10% sont obèses.
- Plus il y a de surpoids, plus l’espérance de vie est courte.
- Vit-on toujours de plus en plus vieux? Ce n’est plus certain. Différents signes montrent que la longévité humaine en occident pourrait désormais commencer à décroître.
Il y a beaucoup d’éléments protecteurs dans les végétaux. Le Français manque de fibres. Les animaux (viandes) ne comportent aucune fibre. La nourriture courante, largement déséquilibrée, comporte beaucoup trop de produits carnés et sucrés.
Les végétaux aussi apportent des protéines.
De façon générale, il y a aussi trop de sel dans l’alimentation.
Le diabète
Il y a deux formes de diabète: le diabète 1 et le diabète 2.
Dans le diabète 1 le pancréas ne fabrique pas assez d’insuline; c’est un diabète de naissance.
Le diabète 2 est dit «diabète de la maturité». Il est lié à un excès de poids. Il résulte de l’épuisement du pancréas.
Il y a trop de sucre raffiné (= sucre blanc) caché partout. Le pancréas se fatigue et l’on devient alors diabétique. L’on observe, maintenant, de plus en plus, l’apparition de diabètes de la maturité chez les adolescents, ce qui n’est évidemment pas normal. Cela résulte d’une alimentation agressive pour le métabolisme.
De plus, beaucoup d’enfants n’ont pas été habitués à boire de l’eau. Pour hydrater, il faut de l’eau. Un litre de soi-disant «jus de fruits» (sodas, coca-cola, etc.) contient de 25 à 30 pierres de sucre par litre!!!
Le résultat est une véritable épidémie de diabètes.
Lorsque l’on maltraite son environnement et son corps on récolte toujours l’inévitable retour de bâton.
Cancers
L’augmentation est de 63% en seulement 20 ans. Ce chiffre est tout à fait officiel puisqu’il émane de l’Institut National de Veille Sanitaire. C’est la première cause de décès avant 65 ans. L'on voit de nouveaux cancers apparaître.
Il y a, à l’évidence, une relation directe avec le milieu de vie imprégné de substances cancérogènes [1].
L’on estime que 70% des cancers sont accessibles à la prévention. Ils résultent, bien souvent, de l’excès de produits carnés et de graisses saturées associé à une carence concomitante de végétaux, donc de nutriments anti-oxydants protecteurs.
Une cuisson agressive qui carbonise joue aussi un rôle dans la cancérogenèse.
Le mode de cuisson le plus recommandé est la cuisson à l’étouffée. La cuisson à la vapeur est également bonne. Toute cuisson au four doit être faite à la température la plus basse possible.
Allergies
Les allergies sont en constante aggravation de 10% par an. Ce qui veut dire qu’il y a, chaque année, 10% de nouveaux d’allergie constatés.
Les allergologues disent que, même à très faible dose, dès lors où les aliments sont imprégnés d’éléments traces allergisants, l’allergie peut survenir.
À ce sujet il est très important de bien faire la différence entre «norme» et «normalité».
La définition de la «norme» est un «compromis entre un risque reconnu et un taux de victimes qui soit acceptable pour la société». La norme résulte donc d’un consensus politique et non d’un consensus sanitaire. Au prix de la rentabilité ou de la commodité pour le plus grand nombre, l’on veut bien sacrifier un certain nombre de victimes, dès lors où elles ne seront pas assez nombreuses pour se faire entendre.
Ce qui résulte d’une norme n’est donc pas forcément normal.
Exemple: Le taux de nitrates, selon les normes, peut aller de 3 à 50 milligrammes par litre. Les effets en résultant peut être très contrastés.
Les causes des cancers et des allergies sont les pesticides, les antibiotiques, les additifs alimentaires, etc.
Le dispositif européen REACH va dans le bon sens.
Toutefois, il en faudrait un aussi pour les additifs alimentaires.
Réduction de la fertilité
La fertilité des espèces est déjà gravement remise en cause par la pollution. Des animaux sont observés avec des problèmes pour se reproduire au niveau de l’appareil uro-génital et, chez les mâles, avec une importante baisse au niveau du nombre et de la qualité (vitalité) des spermatozoïdes.
De nombreuses espèces sont déjà atteintes, y compris aux pôles.
Toute pollution reste dans l’organisme au niveau des corps gras.
Même si les normes sont respectées, à partir du moment où se produit un phénomène de constantes répétitions, il y a accumulation dans les chaînes du vivant. C’est ce que l’on appelle la «bioaccumulation».
Chez l’homme (sexe masculin): Importante réduction de la capacité de fabrication de spermatozoïdes. Le taux spermatique n’est plus qu’à environ 50 %. Perte de 1 % de spermatozoïdes par an depuis cinquante ans. C’est extrêmement préoccupant.
En effet, même si la nature est généreuse, la vitalité des spermatozoïdes est aussi importante que leur nombre.
À ce sujet le professeur Sultan (orthographe non garantie) de Montpellier a fourni deux publications scientifiques révélant un nombre anormalement fréquent d’anomalies génitales.
Les viticulteurs, par exemple, qui traitent beaucoup les vignes chimiquement, sont beaucoup en contact avec différents pesticides et fongicides, et sont particulier touchés par cette pollution qui ressort, chez eux, sous forme de stérilité, ou, chez leurs enfants, sous forme d’anomalies du système génital.
Un pesticide/biocide – le nom lui-même l’indique et c’est fait pour ça! - tue la vie.
À trop tuer la vie, le retour c’est l’incapacité à transmettre la vie que l’on tue.
Avec la nourriture produite avec l’intervention de substances chimiques de synthèse cela entraîne une réduction de la qualité intrinsèque de l’aliment ou de la «densité nutritionnelle».
80 % des maladies semblent être en relation avec l’alimentation.
Il est urgent de modifier les modes de production, les comportements alimentaires.
L’on estime généralement, qu’il y a 25 % de nutriments en plus dans les produits Bio. Aux USA il y a 30 % à 300 % de plus en anti-oxydants pour les végétaux Bio.
Malheureusement, la population est fortement conditionnée à se procurer et consommer de la «bouffe pas chère» (style Mac Do, etc.).
La «bouffe pas chère» rend dépendant aux béquilles des compléments alimentaires.
Les nutriments sont des supports de saveur. Plus il y a de nutriments et plus ça a de goût! Plus les aliments sont aromatiques et goûtus. À l’inverse, il y a des tomates extérieurement belles qui ne sentent rien.
Apports indispensables
Les nutriments essentiels sont des nutriments que le corps ne peut pas fabriquer autrement.
Concernant les protéines (ou protides), s’il est vrai que la viande apporte 20 % des protéines, les lentilles en apportent 22 %, les haricots 22 à 25 %, etc., donc encore plus.
Il est vrai que chaque céréale ou chaque légumineuse ne contient pas tous les acides aminés nécessaires. En général, il en manque un. Mais, pour parvenir à l’équilibre, il suffit d’associer, quelles qu’elles soient, une céréale et une légumineuse. Ainsi l’on est assuré qu’il ne manquera pas un seul acide animé. Avec céréales + légumineuses + légumes l’on a tout ce qu’il faut.
La soupe paysanne traditionnelle comporte une base de légumes + pain + haricots ou fèves, etc.
Le palva [orthographe non garantie], plat traditionnel indien à base de riz et lentilles, nourrit un milliard d’Indiens.
L’on trouve aussi, dans les végétaux, des vitamines du groupe B, lesquelles présentent un intérêt en prévention sanitaire.
Les apports en acides gras insaturés, par exemple fournis par le poisson, sont aussi appréciables.
Les protéines carnées exposent aux maladies de surcharge.
Les huiles de table doivent être de première pression à froid.
Règle d’Or
La Règle d’Or est la suivante:
Pour être en bonne santé,
il faut consommer des produits frais, très variés et de saison.
Si vous mangez un aliment cru, vous êtes sur de profiter au maximum de ses qualités.
Le meilleur mode de cuisson est à l’étouffée ou à la vapeur.
Le rôle des fibres alimentaires est d’assurer la régulation. Les légumineuses contiennent 17 % de fibres et les céréales 12 %.
Des aliments très intéressants ont été abandonnés depuis l’après-guerre.
Cela passe par la conscience.
Avec un «régime» privilégiant les végétaux l’on mange davantage d’aliments jusqu’ici non mangés.
De plus, les fibres ont un rôle régulateur sur la satiété et sur l’assimilation des sucres et des graisses, afin d’éviter les surcharges pondérales, les maladies cardio-vasculaires, le diabète.
Dans le régime actuel des Français il manque, à peu près, 50 % de fibres. À ce sujet, rien ne bouge ou presque, car on le sait déjà depuis dix ans.
Cholestérol
Il y a deux types de cholestérol: le lourd («mauvais cholestérol»), qui se dépose, et le léger («bon cholestérol»), qui est protecteur.
Les fibres des végétaux sont bonnes contre le mauvais cholestérol et bonnes pour le bon cholestérol.
La majeure partie de la population française est constipée. Cette constipation chronique provoque, à la longue, une irritation de la muqueuse due à la stagnation du bol fécal, laquelle est à l’origine de polypes, qui finissent par dégénérer en cancers du colon (gros intestin).
Pour en savoir plus et trouver, au même coût, des recettes plus saines et plus végétales, lire le livre:
"La Bio, cest pas du luxe!"
du Docteur Lylian Le Goff
[1] Note du rédacteur : Il semble que la tendance soit, désormais, à dire «cancérogène» plutôt que «cancérigène».