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L'obésité ne frappe pas de manière égale les populations humaines. Certains groupes ethniques isolés pendant des générations étaient plus exposés que d'autres au changement brutal de mode de vie: ainsi les Indiens Pimas d'Arizona, les Nauruens mélanésiens sont obèses à 80 %, et près d'un sur deux développe un diabète avant l'âgé de cinquante ans!
Car l'obésité, comme beaucoup de maladies humaines répandues, a beaucoup de causes diverses, associant l'interaction de facteurs environnementaux générateurs d'obésité avec des gènes de prédisposition au surpoids transmis d'une génération à l'autre, voire même sélectionnés car ayant apporté à un moment de l'histoire de l'humanité un avantage en termes de survie de l'espèce.
Devant combattre pour survivre, l'être humain préhistorique était plutôt bien nourri et peu carencé, mais, selon ce que l'on croit savoir, la sédentarisation et l'apparition de l'agriculture pendant le néolithique ont, paradoxalement, apporté des disettes à répétition, entrecoupées de périodes de vaches grasses. Les sujets aptes au stockage de l'énergie - donc les gros - en période faste et à la parcimonie en période de vaches maigres ont mieux résisté aux périodes de disettes. Et leurs gènes commandant le stockage sont devenus prépondérants, particulièrement dans certains groupes isolés aux conditions de vie difficiles.
Les récents progrès de l'agriculture, apportant à une large partie de l'humanité un accès quasi-illimité à la nourriture, ont paradoxalement eu un impact négatif sur notre santé, en exacerbant les tendances à l'excès de graisse des sujets génétiquement prédisposés.
De façon générale, dans l'abondance, les êtres humains mangent trop, parce qu'ils mangent principalement par plaisir, ce qui fait que la nécessité n'apparaît qu'en second et ne peut jamais réellement se manifester, puisqu'alors ils mangent avant d'avoir faim!
Il est normal de manger aussi par plaisir, mais le plaisir ne devrait se manifester qu'en second, car la cause première de l'acte de la nutrition devrait uniquement être la vraie faim, laquelle n'est pas à confondre avec le désir de manger...
Le Vénitien centenaire, Luigi Cornaro, entre autres, dans ses célèbres "Discours sur la frugalité", a fort bien démontré les bienfaits d'une saine Sobriété alimentaire.
Gros de père en fils…
Incontestablement, la corpulence est l’un des traits humains les plus héréditaires. Les études des vrais jumeaux (génétiquement identiques) ont démontré la concordance quasi absolue de leur corpulence, même quand les jumeaux avaient été élevés séparément dans des familles adoptives différentes. De même, leur éventuelle tendance à l'obésité est à rapprocher des caractéristiques de leurs parents biologiques mais non de leurs parents adoptifs. C'est donc bien héréditaire. Enfin, la suralimentation contrôlée de jumeaux conduit à une prise de poids certes très variable d'une paire à l'autre mais, là encore, quasi identique entre les deux jumeaux d'une même paire. Ainsi, la réponse au régime riche en graisses est un trait génétiquement déterminé. Certains sujets résistent à l'obésité, alors que d'autres sont très sensibles au régime dit "obésogène". Autrement dit, pour deux qui mangent la même chose, l’un grossit et l’autre pas. Il n’y a donc, là non plus, pas égalité devant le risque de devenir gros. Si l'égalité existe, elle se trouve donc ailleurs...
L'analyse familiale a aussi conclu à l'existence d'un petit nombre de gènes ayant un impact majeur sur la corpulence et particulièrement sur le pourcentage ou la distribution locale de la masse grasse. Ces gènes expliqueraient plus de la moitié des variations du poids entre êtres humains de même âge et de même sexe. Curieusement, si l'on prend en compte le rôle de ces gènes, toujours grâce à l'examen de jumeaux, il apparaît que les facteurs environnementaux les plus puissants ne sont pas – comme on pourrait le penser - uniquement alimentaires. Le tabac et la supplémentation hormonale de la ménopause préserveraient ainsi artificiellement et momentanément les femmes anglaises ménopausées du surpoids. Il a été aussi démontré que des enfants en surpoids, âgés d'une dizaine d'années, ayant au moins un parent obèse, avaient un risque de 80% de devenir, à leur tour, obèses à l'âge adulte. Contre seulement 10 % de risque si leurs deux parents étaient plutôt du genre maigrichon.
Alerte rouge
En 2000, l'Organisation mondiale de la santé a alerté les gouvernements du développement de la première épidémie non infectieuse de l'histoire de l'humanité: l'obésité. Aujourd'hui, l'on ne sait pas guérir une obésité massive, alors que, par des mesures simples et peu coûteuses, l'on peut la prévenir chez des sujets prédisposés. Là encore, comme dit si justement le proverbe, "il vaut mieux prévenir que guérir!". Une mobilisation efficace contre l'obésité, qui protégerait les jeunes générations contre ce fléau, est possible et a, par exemple, été expérimentée avec succès en Finlande.
Mais elle nécessite une politique volontariste. Car il convient alors de s'attaquer aux racines du mal: le "tout-bagnole", le manque de mouvement, la malbouffe, qui atteint autant les cantines scolaires que les établissements de "restauration rapide", etc.
Elle nécessite aussi une politique publique de recherche sur l'obésité, ses causes et conséquences, particulièrement chez l'enfant, une politique qui, aujourd'hui, en de nombreux pays, fait quasi-totalement défaut.
Les retombées de l'obésité enfantine sur la santé publique sont importantes puisque cette affection entraîne, en cascade, notamment un risque accru de diabète et de maladies coronariennes survenant à l'âge adulte. Avant 1980, le nombre d'enfants obèses doublait tous les trente ans, mais depuis, il a littéralement explosé. En 1986, 8% des enfants noirs, 10% des enfants hispaniques et 8% des enfants blancs étaient qualifiés d'obèses, contre respectivement 22%, 22% et 12% pour les mêmes groupes d'enfants, âgés de quatre à douze ans, en 1998. Les raisons principales de l'obésité généralement reconnues par les spécialistes sont le manque d'activité physique et l’abus de fast food.
L'Organisation Mondiale de la Santé dit que le surpoids des jeunes risque de les conduire tout droit à la catastrophe. La génération, qui porte le titre peu enviable de "génération XXlarge", vivra, en effet, moins longtemps que celle qui les a mis au monde - à moins d'un sérieux coup de barre, commençant par le bannissement complet des gras trans.
A bas les gras trans!
Que sont les gras trans? Le traitement de nombreuses huiles détruit une partie des acides gras indispensables ou les transforme en d'autres composés chimiques qui ne sont pas utiles à notre organisme.
Ces composés sont appelés acides gras trans.
Les huiles sont sensibles à l'oxydation, la chaleur et la lumière. Elles peuvent très vite devenir rances. Bien que l'huile rance puisse aussi avoir d'intéressantes propriétés thérapeutiques, pour les industriels en agro-alimentaire, ceci était devenu un problème. Ils ont alors développé des méthodes qui permettent de conserver les huiles plus longtemps et qui les rendrent plus résistantes. Les méthodes d'extraction consistent à chauffer, en présence d'un solvant, la matière premiere de l'huile (graines, fruits...). Les huiles sont ensuites exposées à des métaux semi-toxiques voire toxiques (tels que le nickel et l'aluminium) et parfois blanchies et désodorisées à l'aide de produits chimiques.
Le problème est que pendant ces traitements, les acides gras indispensables sont détruits. Les configurations cis que l'on trouve normalement chez les acides gras indispensables sont changées en configuration trans.
Les acides gras trans se comportent dans notre organisme comme s'ils étaient des acides gras saturés. Ils diminuent le "bon" cholestérol et augmentent le "mauvais".
Pour en savoir encore plus sur les {méfaits des} gras trans, par exemple, cliquer ici.
Diminution de l'espérance de vie
Avec l'actuelle diminution de l'espérance de vie nous vivons un recul historique, car cela faisait près de 200 ans que, de génération en génération, l'espérance de vie augmentait, mais les spécialistes calculent que la génération XXlarge mourra plus tôt que la précédente. En effet, le tissu adipeux est une glande qui a des répercussions directes sur le métabolisme. Résultat: la cellule adipeuse (l'adipocyte) moderne ayant perdu ses repères, cela ouvre la porte à des maladies telles que le diabète de type 2, l'hypertension et les troubles cardiaques, qui guettent même les plus jeunes et hypothèquent gravement leur avenir.
L'obésité a presque triplé chez les enfants, un fait que les parents ont encore beaucoup de mal à admettre. Aujourd'hui, au Canada, un enfant sur quatre présente un problème de surpoids, un taux qui grimpe à 41 % chez les jeunes autochtones qui vivent en dehors des réserves et à 55 % chez ceux qui vivent dans les réserves. Le phénomène est devenu si important que l’on parle maintenant d'«épidémie».
Défaut d’implication des parents
L’on ne peut que déplorer le manque d'implication des parents dans la lutte contre les kilos en trop de leurs chères têtes blondes. Le sentiment s’avère ici mortel: «Nous tuons nos enfants avec notre gentillesse.» Il est temps que le public se réveille et, entre autres, se tourne vers une saine et intelligente alimentation.
En attendant que l'industrie alimentaire fasse son mea culpa – ce qui ne vient pas vite! - et s'adapte à la réalité d'un nombre grandissant de gens de tous âges en train de toujours plus ressembler au bibendum Michelin et que l'étiquetage des emballages d'aliments pré-emballés permettent de facilement identifier les aliments obésogènes, il faut éliminer les gras trans de l'alimentation et les remplacer par des produits à faible teneur en gras saturés.
Vers une Alimentation {plus} Intelligente...
Il apparaît de plus en plus qu'après avoir, pendant des décennies, mangé "bêtement" nous avons maintenant besoin d’une alimentation ... intelligente!
Comment "Marie-Thérèse" (par exemple, celle de "Gaston", tirée de la célèbre chanson de Nino Ferrer!) peut-elle ne plus être obèse? Peut-être en se nourrissant intelligemment?
Pour lutter contre l’obésité et l’excès de poids
et en savoir plus sur une Alimentation Intelligente,