Les pestiférés des temps
modernes
Extrait du livre de Gunilla Ladberg
Chapitre 10 Méfiance et ennuis avec les autorités
Comment sont traités les EHS quand ils demandent l'aide des médecins, des autorités, des fonctionnaires, etc.? Cela varie évidemment d'un cas à l'autre.
Certains ont fait de bonnes expériences. Ils ont reçu de l'aide – ou du moins on a fait preuve de compréhension à leur
égard.
Kenneth: J'ai eu la chance de rencontrer un médecin qui connaissait les problèmes des EHS et j'ai eu droit à son
respect.
Maria: Mon médecin m'a crue quand je lui ai dit que j'étais électrosensible mais il n'a pas pu m'aider. Il m'a dit que
notre société ne possédait pas les ressources nécessaires pour le faire.
Pourtant, la plupart du temps, il en va tout autrement.
Inger: Je suis allée consulter les services sociaux concernant mes problèmes de logement. Après avoir exposé ma
situation, on m'a hurlé au visage: “Aucune preuve scientifique n'existe au sujet de l'EHS. Et si vous soumettez une demande de soutien, soyez certaine que je ferai en sorte qu'elle soit rejetée!”
“Idées délirantes”
Avant de rencontrer les réfugiés EHS, je connaissais un jeune homme de 25 ans qui souffrait également
d'électrohypersensibilité. Ses symptômes étaient essentiellement des douleurs dans différentes parties du corps. Il a
finalement fait le rapprochement entre ses problèmes physiques et l'électricité et les téléphones portables
et il en a parlé à son médecin. Celui-ci lui a immédiatement prescrit des médicaments psychotropes. Lorsque plus tard il a pu jeter un oeil sur son rapport médical, le diagnostic du médecin était:
“Imagination délirante”.
Elisabeth: Le médecin n'a fait preuve d'aucune compréhension:
“L'électrohypersensibilité n'existe pas!” Comment pouvait-il dire une chose pareille? Mes symptômes se déclenchaient de
façon si évidente quand j'étais devant l'ordinateur. Il ne voulait tout bonnement pas m'écouter. Il m'a simplement prescrit une semaine de congé maladie pour “vertiges étranges”.
Il m'a aussi envoyée chez un autre médecin. J'étais ravie. J'espérais enfin tomber sur quelqu'un de compétent. Mais ça a
été encore pire. La temps de la consultation, qui a été longue, a été utilisé pour me faire la leçon:” Tout le monde a toujours été effrayé des nouvelles technologies. Lorsque les trains ont fait leur apparition, les gens ont pensé que la
vitesse du train pouvait être dangereuse. Aujourd'hui, ils pensent que les ordinateurs sont dangereux.”
Après ça, il s'est lancé dans un discours sur ce qu'il a appelé une psychose de masse, semblable à la “frog illness”
apparue au 19e siècle, quand les gens croyaient qu'ils avaient des grenouilles vivantes dans leur estomac. Il a comparé la “frog illness” aux empoisonnements dus aux amalgames au mercure et l'hypersensibilité électromagnétique. Pour lui tout ça
tient de la psychose.
Il m'a également demandé si mon job me déplaisait. J'adorais mon travail. Il ne m'a accordé aucun congé maladie mais il a
insisté pour que je poursuive mes travaux sur ordinateur, au moins à temps partiel. Le seul soutien qu'il m'a offert a été de m'envoyer voir un psychologue. Quand je l'ai poliment prié de bien vouloir éteindre les lampes fluorescentes de son
bureau car elles m'indisposaient sérieusement, il a purement et simplement ignoré ma demande.
J'étais allée voir un médecin car j'avais désespérément besoin d'aide. Je n'arrivais plus à saisir les réactions de mon
corps. Ça a été une véritable humiliation que de se voir soumise à un interrogatoire et de ne pas être crue.
Cette expérience m'a purement anéantie.
Des poupées et de petites chaussures d'enfant
Mia: L'Assurance maladie voulait que je me rende à Nynäshamn pour un examen de 4 jours et que je réside dans un hôtel qui
était situé à 50 mètres d'une antenne 3G. C'était absolument impossible. Comme alternative, ils ont contacté
un cabinet de conseils pour l'évaluation des emplois. Sont alors arrivés un médecin, un physiothérapeute et une psychologue. La
psychologue avait apporté des poupées et une paire de chaussures d'enfant. Elle a commencé son discours en
laissant supposer que des choses qui se seraient passées dans mon enfance pourraient avoir un lien avec mon problème. Je n'y comprenais plus rien. Je luis dis: “Je croyais que le problème était de savoir pourquoi je n'arrivais plus à travailler. Avez-vous lu
mon rapport?” Non, elle ne l'avait pas reçu. “Que savez-vous de moi?” “Que vous avez vécu dans cette cabane
pendant quelques années, que votre mari est mort et que vous êtes veuve.”
Elle ne savait absolument rien de mon histoire. Elle pensait qu'il s'agissait d'un problème psychologique lié à mon
enfance et à la mort de mon mari...
“Vous ne vivez pas dans la réalité”
Eva: Il faut être psychologiquement très fort pour supporter tout ça. Même après toutes ces années, on fait encore face à beaucoup d'incompréhension, de méfiance et d'incrédulité.
Quand les médecins ne peuvent poser de diagnostic, ils nous envoient chez des psychologues ou des psychiatres. Je me suis
retrouvée chez un psychiatre au comportement plutôt étrange. Il était assis, les pieds sur la table et m'a jeté d'un air provocateur: “Alors, vous ressentez les courants électriques?
Décrivez-moi ça!” Je me suis exécutée. Il a tout à coup tapé du poing sur la table et s'est écrié:”Vous ne vivez pas dans
la réalité. Cela fait plus de cent ans que nous possédons le courant électrique!”
La Swedish Association for the ElectroSensitive (aka FEB) a été créée en 1987. Notre système de soins de la santé est
consternant. Que les médecins nous témoignent du mépris lui semble parfaitement normal. Même aujourd'hui je ne dis à aucun médecin que je souffre d'EHS. Ça devient trop compliqué. J'ai été convoquée pour faire une mammographie, je ne leur en
parlerai pas non plus. Plutôt supporter. Et pourtant, il n'est pas bon de réagir à ces séances d'intimidation
par le silence.
Et c'est exactement ce que je pense.
Peur de la nouvelle technologie? Non, au contraire!
Une croyance commune à laquelle mes nouveaux amis sont constamment confrontés est qu'ils ont peur de la nouvelle
technologie, que leurs symptômes sont d'ordre psychologique. Mes interviews révèlent une tout autre histoire.
Nombre d'entre eux ont été complètement immergés dans la nouvelle technologie. Comme Inger qui a passé maintes nuits
devant un ordinateur ou Klas qui a été producteur multi-media. C'est peut-être pour cela qu'ils sont tombés
malades.
Elisabeth raconte comment tout a commencé pour elle.
J'étais enseignante en préscolaire et j'avais un métier formidable mais assez pénible. J'avais des douleurs aux épaules
et à la nuque et j'ai dû réduire mon travail à 50%. J'ai assez vite réalisé que je ne pourrais plus reprendre ce job à 100%. J'ai donc entrepris un cours en conception graphique. Je travaillais sur ordinateur et j'étais ravie de la nouvelle carrière
que je venais d'embrasser.
Lorsque j'ai terminé ma formation, j'ai obtenu une place d'apprentissage à Enköping. Mais après trois semaines, je me
sentais épuisée. J'avais des vertiges et je ressentais une grande fatigue. J'avais des problèmes cardiaques, des problèmes de peau et oculaires, ainsi que des maux de tête. J'avais le sentiment d'être complètement déconcentrée. Un matin, j'ai
ressenti ces symptômes dès que j'ai enclenché l'ordinateur. Je n'en pouvais plus. Je suis rentrée à la maison
où j'ai passé quelques jours au lit avec des frissons.
Je me sentais vraiment mal mais je n'avais aucune idée qu'il pouvait s'agir d'EHS. A l'époque, je ne savais pas ce que
c'était.
Une phobie? Bien au contraire!
Il n'est pas rare que l'électrosensibilité soit considérée comme une phobie. Pourtant, pas un seul de mes interlocuteurs
n'a affiché de réaction phobique. Un patient souffrant de phobie évite par tous les moyens les situations et lieux qui pourraient représenter des dangers pour lui, souvent au-delà de la raison.
Mes amis ont prouvé qu'il n'en était rien. Ils ont délibérément testé des lieux où ils ont fini par remarquer que leurs
symptômes empiraient. Ils ont bravement approché des antennes de téléphonie mobile et des clôtures électriques afin de vérifier leurs symptômes. Ils ont ainsi pu découvrir où se situaient pour eux les limites du supportable, les
causes des symptômes de malaises et de leurs handicaps.
Nombre d'entre eux ont continué à faire des choses qu'ils savaient pertinemment devoir éviter. Tel se rend dans des
magasins bien qu'il sache qu'il s'y sente mal, tel autre se rend à un concert ou au restaurant tant cette forme d'isolement continu lui pèse. Ils visitent des connaissances même si ce moment de plaisir leur coûte une fatigue extrême.
Ces comportements sont en parfaite opposition avec un comportement phobique.
Eva: Parfois je m'entête. Je refuse de me laisser envahir par l'EHS. Je veux être normale! C'est alors que je fais des
choses que je ne devrais pas faire, comme me rendre n'importe où juste pour le plaisir de me mêler aux gens.
C'est là que les choses se gâtent.
Nombreux sont ceux qui ont des symptômes sans savoir pourquoi, l'explication leur vient par la suite.
Eva raconte comment son mari a pu détecter d'où provenait son malaise alors qu'ils visitaient une petite maison
de campagne et qu'elle pensait que c'était le jeu de son imagination.
La méfiance dont font l'objet les personnes que j'ai interviewées est d'autant plus incompréhensible qu'elles sont
parfaitement lucides et s'expriment clairement. Elles parlent de leur vécu avec une sagacité remarquable. Si bien que je me demande comment un seul être humain, un médecin ou quiconque les écoute, puisse en arriver à considérer que leurs symptômes
sont dus à une faiblesse d'ordre psychique ou à une imagination délirante. C'est absolument incroyable. Ça
m'amène à penser, avec un brin d'ironie: l'ensemble de la profession médicale aurait-elle perdu le sens de la réalité?!?!
A qui sert le déni?
Björn: Nous ne sommes pas traités comme des êtres humains normaux, en possession de leurs pleines facultés, puisque les
expériences que nous vivons et relatons ne sont pas prises en considération.
Je ne cesse de me demander pourquoi le reste de la société a tant de peine à prendre au sérieux les expériences de ces
personnes. J'imagine qu'il s'agit d'un ensemble de facteurs.
L'une des raisons est vraisemblablement les puissants intérêts économiques générés par l'industrie de la
télécommunication, elle-même soutenue par notre gouvernement. Ce n'est pas un phénomène nouveau. Il en a été de même avec l'industrie du tabac, de l'amiante, certains médicaments, des pesticides, ainsi que des herbicides. L'industrie utilise la
désinformation pour résister à la propagation de faits avérés jusqu'à ce qu'ils deviennent trop évidents pour
être ignorés.
Conséquences
En ce qui concerne la famille et les amis, ils ont d'autres raisons pour choisir de nier la réalité. L'accepter pourrait
signifier pour eux la nécessité de changer radicalement leur mode de vie. Nombre d'entre eux sont si habitués aux gadgets électroniques, téléphones portables et téléphones sans fil qu'ils 50sont peu disposés à s'en passer. Cela aurait de
graves conséquences sur leur routine, leurs relations et tout leur mode de vie.
Mia: Ma famille est bien disposée à m'aider mais je ne suis pas persuadée qu'elle saisisse réellement ce qui se passe. Ce
n'est pas uniquement à l'industrie que nous en voulons mais aussi aux gens qui nous entourent. Peu d'entre
eux acceptent de se séparer de leurs gadgets sans fil. La plupart de nos proches refusent et c'est dur pour nous. Tout le monde flanche devant
les tendances du marché. Je ferais probablement pareil si je n'étais pas électrosensible. Je serais
probablement aussi empêtrée dans le même bourbier.
Provocations
Björn: Avant d'acheter cette maison, nous avons parlé à notre futur voisin qui possède une maisonnette de week-end proche
de celle qui nous intéressait.
Nous lui avons fait remarquer que nous n'achèterions cette maison que si personne dans le voisinage n'utilisait de
téléphone portable. Nous l'avons fait afin de connaître son opinion sur le sujet. Nous lui avons demandé:” Seriezvous prêt à laisser votre portable chez
vous quand vous vous rendez dans votre maison de week-end?”. “Bien sûr, sans problème.” Après tout, il y a déjà installé le téléphone fixe. Et nous d'insister: “ Vous en êtes sûr? On ne veut pas faire preuve de harcèlement...” “C'est sans
problème aucun!” nous a-t-il assuré.
Aujourd'hui, quand il arrive avec sa famille, c'est toujours avec leurs téléphones portables. Quand nous avons tenté de
lui rappeler sa promesse, il a dit: ”Oui, mais bon, ça fait déjà bien trois ans. Ça serait peut-être le moment d'en finir avec ces conneries!” Maintenant, dès qu'ils arrivent, nous devons fuir.
On est toujours sur nos gardes et dès qu'ils arrivent, on s'en va immédiatement. Aussitôt qu'on entend une voiture, on va
voir qui c'est.
Quelques minutes après leur arrivée on se sent si mal qu'on a intérêt à être prêts à partir. Un jour, notre voisin est
arrivé avec sa famille alors que j'étais parti faire une balade en forêt. Quand je suis rentré, j'ai trouvé Siv gisant sur le sol à côté d'une pile de bois. Elle s'était évanouie.
Des voisins et amis deviennent des “ennemis” parce que nous ne savons jamais s'ils sont porteurs de quelque objet que
nous ne pouvons tolérer. Il arrive aussi que des gens traversent notre propriété avec leurs portables enclenchés juste pour nous tester et voir si nous réagissons réellement!!! On a l'impression d'être des cobayes.
Siv explique, alors qu'elle détecte mon appareil photo numérique: Diverses études de provocation ont été entreprises où
des personnes souffrant d'EHS ont été confrontées à des portables. Ce genre de tests est censé révéler si l'on peut détecter quand les portables sont enclenchés ou non. Le problème est que ces études de laboratoire sont effectuées dans des
endroits déjà fortement irradiés pour des gens comme nous. Lorsque je me rends en ville, je ne réalise pas
immédiatement si quelqu'un a enclenché son portable, car je suis déjà indisposée par la radiation ambiante.
C'est comme si l'on devait détecter une personne allumant une nouvelle cigarette dans une pièce enfumée.
D'autres études ont cherché à identifier d'éventuelles différences psychiques entre les personnes souffrant
d'électrosensibilité et d'autres insensibles à ce phénomène. Comme on pouvait s'y attendre, aucune différence n'a été décelée.
Concept mondial menacé
Les électrosensibles ne correspondraient-ils pas à la vision du monde des pays développés? C'est peut-être la raison pour
laquelle les médecins en arrivent à nier le problème ou à dire que l'EHS est une forme d'aberration. Cela semble très difficile à accepter que des êtres humains puissent être affectés par des signaux électromagnétiques, alors que notre corps, le
coeur, le système nerveux et le cerveau, fonctionne grâce à d'infimes pulsions électriques. Avec l'ECG et
l'EEG on a encore affaire à des phénomènes électriques. Et bien qu'il ait été démontré que d'autres ondes électromagnétiques émises par
les rayons-X, la radioactivité et le radar sont extrêmement nocives, les gens persistent à croire qu'elles
sont inoffensives.
Il reste que les fonctions physiologiques chez les être vivants sont contrôlées par de faibles pulsions électriques
jusqu'au niveau des cellules. Les champs électromagnétiques ayant entre eux un effet d'induction, il va de soi que notre système électrique physiologique puisse être affecté négativement par des champs électromagnétiques artificiels, particulièrement par
la radiation de micro-ondes. Aujourd'hui, chacun de nous est soumis à une radiation un billion de fois
supérieure à la radiation naturelle dans laquelle notre corps a évolué.
Des experts non qualifiés
En août 2007, le programme des nouvelles de la télévision suédoise Aktuellt a clairement illustré le scepticisme que
soulève cette question dans ce pays.
Cela a commencé avec l'argumentation selon laquelle les municipalités avaient dépensé des millions pour l'assainissement
électrique afin d'aider les personnes souffrant d'EHS, bien qu'aucune preuve scientifique n'existe établissant que ces efforts seraient effectivement utiles. (Une déclaration étrange si l'on tient compte du fait que rares sont les
municipalités qui ont démontré un quelconque intérêt à cet égard.)
Commentaire: Extrait du livre suédois Sur l'électrohypersensibilité (Hélène Aastrup-Samuels): A la Clinique de santé
environnementale de Dallas, Texas, le Dr W. Rea et ses collègues ont effectué des recherches sur la sensibilité individuelle vis-à-vis des fréquences
électromagnétiques. Ils ont examiné les réactions pupillaires de personnes électrosensibles soumises à des expositions de fréquences variées et ils ont
identifié celles auxquelles les sujets réagissaient. D'autres tests de provocation ont confirmé ces résultats. Evaluation of the Anatomic Nervous
System Response by Pupillographical Study in the Chemically Sensitive Patient.
Professor Bengt Arnetz, Chief Physician, Centre for Occupational and Environmental Medicine, Huddinge Regional Hospital:
“Le modèle explicatif psychologique ou l'hypothèse selon lesquels les personnes électrosensibles seraient plus sujettes à des troubles psychiatriques
ont été réfutés par nos propres recherches”. Cancer & Allergy Foundation Magazine, N° 1, 1996.
Dans un article, Madame Lena Hillert, Professeur et experte autoproclamée, déclare, sans la moindre preuve scientifique,
que les personnes souffrant d'EHS peuvent être traitées grâce à une thérapie cognitive. Il est intéressant de
noter qu'en 2000, elle a été disqualifiée par le Bureau du vérificateur général étant donné ses relations
professionnelles avec l'industrie des télécommunications. Lors de l'interview télévisée, on lui a posé la question suivante: “Existe-t-il des dangers quelconques pour que des mesures telles que l'assainissement électrique soient nécessaires?” Elle
a répondu, et je cite:
“Il pourrait y avoir danger si l'individu s'imposait des restrictions; qu'il ou elle ressente de plus en plus le besoin
de s'éloigner de la société, de sa famille et de ses amis. Le danger de la propagation du doute existe également: d'autres individus pourraient commencer à s'inquiéter et à se demander si tel environnement n'est pas soumis à des radiations dangereuses
puisque des mesures de précaution ont été prises pour des personnes apparemment malades. On peut se poser la
question: ”Est-ce également dangereux pour moi?”
En d'autres mots, les mesures de précaution pour la santé et la sécurité sont des menaces pour les individus... Je
n'en croyais pas mes oreilles.
Dans tout le pays, les électrosensibles passent leur temps à chercher des logements acceptables. Certains d'entre eux,
réunis sous l'association Frivolten (sous tension), ont passé quelques années à localiser des lieux où le rayonnement global était suffisamment faible pour y construire des logements pour les EHS. Des lieux propices ont été dénichés et
certaines municipalités ont même démontré un intérêt au projet. Cependant, selon les lois en vigueur, il est
très difficile de protéger ces endroits contre l'imposition de la technologie sans fil. Mais malgré les nombreux obstacles, Frivolten
poursuit ses recherches inlassablement.
Un immeuble qui semblait adéquat pour des EHS a été trouvé dans la ville de Degerfors. Un plan d'assainissement
électromagnétique a été mis sur pied avec le soutien financier de la SBO (Société nationale d'hypothèques et de logement). La commune a réagi positivement au projet et 150 personnes ont manifesté leur intérêt pour des appartements. C'est alors
qu'est intervenue, par e-mail, l'industrie de la téléphonie mobile en la personne du Chef de la direction de
MTB (l'Association de l'industrie Telecom), Mats Holme. Ce dernier a fait pression sur la Municipalité en affirmant qu'il n'existait
aucune preuve que de telles mesures d'assainissement amélioraient la santé de qui que ce soit.
Malheureusement, la Municipalité a modifié sa position et les travaux d'assainissement ont été interrompus. Le bâtiment qui aurait
pu améliorer la vie des EHS ne verra pas le jour dans cette ville.
Et cela n'arrive pas qu'en Suède.
Il est erroné de croire, comme on le prétend dans certains débats, qu'on ne trouve des électrosensibles qu'en Suède
(insinuant par là qu'il s'agit de maladie imaginaire). C'est absolument faux. Dans tous les pays où des Dans
le cadre de l'enquête RALF, 1997 (Council for Work Life Research) recherches ont été menées les mêmes symptômes sont apparus:
vertiges, sévères maux de tête, nausées, troubles de mémoire, confusion, acouphènes et problèmes de
sommeil.
En Autriche, 3,5% de la population souffre d'EHS, un nombre qui a doublé dans les dix dernières années. En Allemagne
c'est 9% et en Suisse 5%. On trouve des groupes de soutien pour les EHS en Allemagne, en Autriche et dans
plusieurs autres pays. Les personnes souffrant d'EHS franchissent les frontières pour s'entraider, l'enjeu principal étant de trouver des lieux de
vie tolérables.
Des médecins irlandais, américains, autrichiens et japonais ont émis des mises en garde. Nombre de médecins allemands se
sont engagés en la matière. Cela a commencé en 2002 avec l'Appel de Fribourg. 60 médecins allemands ont
publié un appel qui commence de la manière suivante:
L'Appel de Fribourg 9.10.2002
Nous, médecins exerçant dans toutes les disciplines, particulièrement en médecine environnementale, nous tournons vers le
corps médical et les autorités responsables de la santé publique, de la politique, ainsi que vers le public
afin d'exprimer notre profonde inquiétude pour la santé de nos semblables.
Ces médecins avaient remarqué ces dernières années “une hausse
spectaculaire des maladies chroniques et graves”, dont:
chez les enfants, dans l'initiation à la connaissance: troubles de la concentration et du comportement (troubles
déficitaires de l'attention)
Extrêmes fluctuations de la pression artérielle ne répondant pas de manière satisfaisante aux traitements
pharmaceutiques
Arythmies cardiaques et accidents vasculaires cérébraux parmi une population de plus en plus jeune
Maladies cérébrales dégénératives (la maladie d'Alzheimer) et épilepsie
Cancers: leucémie, tumeurs du cerveau
Maux de tête, migraines
Fatigue chronique
Agitation, anxiété
Insomnie, somnolences diurnes
Acouphènes
Vulnérabilité aux infections
Douleurs névralgiques et musculaires non spécifiques
Les médecins allemands concluent dans leur Appel que la cause de ces maladies est due aux micro-ondes. Ils ont entre
autres remarqué une amélioration ou une disparition relativement rapide des maladies de longue durée ou des
affections après la réduction ou l'élimination des radiations micro-ondes dans l'environnement du patient.
L'Appel poursuit:
Nos efforts thérapeutiques pour restaurer la santé de nos patients deviennent de moins en moins efficaces. La pénétration
libre et continue des radiations dans les lieux de vie et de travail – particulièrement les chambres à coucher, une place essentielle pour la relaxation, la régénération et la guérison – cause un stress ininterrompu et empêche le rétablissement
complet du patient.”
Plusieurs milliers de médecins allemands ont, à ce jour, signé l'Appel de Fribourg.
L'Appel de Bamberg: “Nous exigeons une action immédiate” Quelques années plus tard, des médecins de la ville de Bamberg
ont réalisé une étude plus systématique sur l'effet des radiations des antennes de téléphonie mobile sur la
population. Suite à cette étude, une lettre a été adressée au Ministre de la santé de l'environnement de l'Allemagne, en 2006:
La lettre commençait par ces mots:
Les antennes-relais de téléphonie mobile font encourir aux personnes vivant dans leur proximité un risque grave pour leur
santé. Il est nécessaire que les autorités agissent immédiatement.
Autre extrait de la lettre:
D'octobre 2004 à janvier 2006, plus de 900 individus ont été interviewés dans 184 lieux abritant des antennes-relais de
téléphonie mobile. Des mesures ont été réalisées dans des maisons ou des lieux de travail.
Résumé des observations cliniques des médecins:
On observe un nouveau profil complexe de maladies avec un ensemble de symptômes relatifs aux champs électromagnétiques de
hautes fréquences pulsés avec une intensité bien inférieure aux standards de sécurité actuels en provenance,
entre autres, des antennes-relais, des téléphones numériques sans fil DECT et du WiFi.
A cette description suit une liste de symptômes semblables à ceux mentionnés dans l'Appel de Fribourg.
Les effets nocifs sur la santé nous concernent tous, vos enfants comme les nôtres. Nous ne pouvons plus continuer à nous
boucher les yeux. C'est pourquoi nous vous demandons d'agir immédiatement.
Le rapport BioInitiative
En septembre 2007, le rapport BioInitiative a été publié par des chercheurs indépendants qui ont examiné des milliers de
rapports et articles sur le sujet et en sont arrivés à la conclusion que les champs électromagnétiques sont la cause de nombreux problèmes de santé. Extrait du rapport BioInitiative:
Il y a peu de doutes que l'émission de champs électromagnétiques par les téléphones portables et l'utilisation des
téléphones cellulaires affectent l'activité électrique du cerveau.
Mises en garde officielles
En août 2007, le Ministre allemand de l'environnement a publié un avertissement sur l'installation de réseaux internet
sans fil dans les écoles.
Se basant sur le rapport BioInitiative, l'EEA (European Environmental Agency) a également publié un avertissement sur
les effets de la technologie sans fil sur la santé. L'EEA exige qu'une action immédiate soit entreprise pour
réduire les risques encourus par les téléphones portables, les antennes et les systèmes sans fil.
Et en Suède, qu'en est-il?
Source: http://www.alerte.ch/images/stories/documents/publications/les_pestiferes_des_temps_modernes.pdf
.