Des "bébés à trois parents" (nés à partir de trois gamètes, un venant du père, le deuxième venant de la mère, le troisième d'une donneuse) sont déjà nés, notamment au Mexique, en Ukraine et en Grèce. Dans certains cas il s'agit d'éviter des maladies mitochondriales, dans d'autres cas de lutter contre l'infertilité féminine tout en permettant à la mère de quand même transmettre son bagage héréditaire. L'on peut imaginer d'autres motivations...
Concrètement, l'enfant est dit avoir trois parents parce qu'il a un père biologique (celui-ci a fourni son sperme pour la fécondation in vitro) mais deux mères biologiques, la mère proprement dite (sur laquelle un ovocyte est prélevé) qui va porter l'enfant et la donneuse (sur laquelle est prélevé un autre ovocyte).
Dans le cas où l'ovocyte de la mère est porteur d'anomalies mitochondriales il s'agit d'utiliser l'ovocyte d'une autre femme - la donneuse - à l'exception du noyau (porteur des chromosomes avec leur ADN, donc du bagage génétique) qui sera donc celui de la mère (celle qui va aussi porter l'enfant).
Dans le cas où la femme est infertile suite à un défaut de ses ovocytes ne concernant pas le noyau, il est aussi possible de procéder pareillement avec la même "technique".
Dans les mitochondries il y a aussi de l'ADN mais celui-là ne sert qu'à la synthèse des protéines et n'a donc pas d'incidence sur les caractères héréditaires transmissibles comme la couleur des yeux, des cheveux ou de la peau, de sorte que seul l'ADN du noyau transmis par la mère aura de l'influence sur l'hérédité du bébé, en coopération avec celui du père.
«Il s'agit ici de modifier génétiquement un ovule: on entre en territoire inconnu», a commenté le Professeur Lisa Jardine, présidente de la "Human Fertilisation and Embryology Authority".
Les risques liés à cette "méthode de fécondation" demeurent encore largement inconnus. Des expériences antérieures menées sur des animaux ont montré que des telles pratiques ne sont pas sans danger et qu'au moins dans certains cas peuvent occasionner de graves pathologies.
D'ailleurs, au sujet de cette pratique le Professeur Royère, directeur procréation, génétique et embryologie humaines à l'Agence de la biomédecine en France déclare: «Le risque est que la manipulation induise chez l'embryon de nouvelles pathologies ou anomalies, alors qu'on cherchait au contraire à obtenir un bébé sain. La technique s'apparente en effet au transfert de noyau réalisé lors du clonage d'animaux domestiques - même s'il ne s'agit pas ici d'un clonage, évidemment. Toutefois, ces précédents sur les animaux ont montré qu'il est impossible de prévoir les aléas induits par cette manipulation sur l'ovocyte. On ne connaît pas les conséquences sur la santé future d'un enfant.».
Pour arriver à de telles conclusions une grande expertise comme celle de ces éminents professeurs n'est pas nécessaire, car - à condition d'en avoir encore! - le simple bon sens suffit! Évidemment ce serait si simple de pouvoir considérer un corps humain comme un moteur d'automobile, où l'on peut facilement et sans dangers remplacer ou bidouiller des pièces à volonté. Mais un bénéfice initial apparent peut très vite se transformer en cauchemar! lorsque l'être humain joue à l'apprenti sorcier, il faut s'attendre à tout!
Outre la non-nocivité de la "méthode", d'autres questions éthiques se posent: Par exemple, que va-t-on dire aux enfants nés à l'aide de tels artifices? Comment vont-ils vivre cela? Un statut juridique spécial devrait-il être accordé à la donneuse du deuxième ovocyte (celui qui va être énucléé)? Celle-ci ne va-t-elle pas aussi se considérer comme étant également mère de l'enfant? Les deux "mères" ne vont-elles pas se disputer l'enfant? Etc., etc.
Quelles qu'en soient les apparentes "bonnes intentions" (dont l'enfer est pavé!), tous les procédés toujours plus artificiels et s'éloignant toujours plus du naturel visant à instaurer, pour les candidats à la parentalité, des soi-disant "droits à l'enfant" et considérant toujours plus celui-ci comme un objet de désir personnel (et non comme le fruit de l'amour survenant naturellement entre homme et femme, sans que cela puisse être un dû) ne peuvent que générer toujours plus de problèmes de tous ordres. Là aussi seul le retour au naturel sera également un retour vers le sain, le simple et le juste.
En savoir plus:
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2016/09/28/25449-naissance-premier-bebe-ne-3-parents
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/09/19/19095-langleterre-sinterroge-sur-bebe-3-parents
https://www.nicematin.com/sante/un-bebe-a-trois-parents-ne-en-grece-374774
https://www.liberation.fr/sciences/2015/02/10/bebe-a-trois-parents-un-pas-vers-le-clonage_1199609
http://genethique.org/fr/naissance-dun-bebe-trois-parents-en-grece-71658.html
